Karbala .. ville de Sainteté et d'Histoire

A105 km. au sud-ouest de Bagdad et à 30 km. du cours de l'Euphrate, se trouve la ville de karbala. Selon les historiens, l'existence de la ville de Karbala remonte à l'ère babylonienne. A l'origine, elle n'était qu'un cimetière chrétien. Elle a pris d'importance après la conquête islamique de l'Irak. Le nom de Karbala est d'origine araméenne. Pour le père Instasse Al-Kerméli, il est composé de deux mots anciens: (kerb) qui signifie lieu saint de prière et (ela) qui signifie Dieu. Ainsi Kerbela(ou karbala) veut dire pour lui le lieu saint de prière pour Dieu.Tandis que pour d'autres linguistes, il est composé de Ker signifiant travail et de bala signifiant haut, élevé ou noble. Par conséquent, le sens du mot Karbala sera le travail noble. La ville est surtout connue par la bataille qui porte son nom et qui y a eu lieu le 10 octobre 680. Pendant cette bataille fut décapité l'imam Hussein, fils d'Ali(as) et petit-fils du prophète Mohammed(sas). Le combat était disproportionné. Il n'avait que 72 hommes face à une armée composée de plus de 4000 hommes. Cette tragédie a faite de Karbala la seconde ville sainte de l'Irak, après Najaf. L'imam Hussein est enterré dans un sanctuaire dont les coupoles et les minarets sont couverts d'or et visibles de très loin. Le cercueil est enfermé dans un catafalque d'argent d'environ deux mètres de haut sur quatre de large. A environ 300 mètres du mausolée de l'imam Hussein(as) se trouve celui de son frère Abbas(as). Sa coupole est également couverte d'or et sa porte principale est en argent. L'anniversaire de la bataille de Kerbela et du martyre de l'imam Hussein(as) est commémoré avec émotion par les croyants le 10 du mois de Moharam,  selon le calendrier musulman de l'hégire.

Le pèlerinage sur le mausolée de l'imam Hussein(as) qui en fait une ville hautement cosmopolite joue un rôle très important. Mais on doit aussi souligner son agriculture et son commerce qui en font la plaque tournante de l'économie du pays. A 18 km. de Kerbela, on trouve le lac de Razzaza qui constitue un complexe touristique et sportif. Les habitants de Kerbela y pratiquent la pêche et la natation. Il communique au nord avec le lac de Habbaniya. Et si fonce en plein désert, sur la route menant au château d'Al-Oukheider, on trouve à 30 km. de Karbala une vaste étendue d'eau saumâtre et une étrange colline percée de beaucoup de grottes. C'est Ain Al Tar. D'après les archéologues, c'était une forteresse naturelle utilisée pour garder la frontière séparant les Parthes des Romains. Plus loin, presque à une cinquantaine de kilomètres de Karbala, on trouve le château d'Al-Okheidir qui dresse ses murailles en plein désert, près de la vallée blanche. Ce château a attiré l'attention au début du siècle dernier lorsque l'orientaliste Louis Massignon y effectua une visite et y retrouva la foi. Il est considéré comme l'un des plus grands monuments de Karbala. Il aurait été construit  en 778, à la suite de la conquête islamique de l'Irak sur les fondations d'une forteresse dépendant du royaume de Hira. Il était la demeure du wali (gouverneur) de Kouffa. Le château a deux murailles. La muraille extérieure, haute de 20 m. était renforcée par de nombreuses tours. La partie résidentielle comporte trois étages. Au rez-de-chaussée, un couloir central partage le château en deux. Il mène, à droite, à une mosquée et à gauche vers le bureau du commandant du château. Il débouche également sur une cour d'honneur et sur un iwan.

Et si on va encore plus loin en direction de l'ouest, on trouvera à environ 130 km. de Kerbela Ain Al Tamur (la source de dattes). C'est un bel oasis qui se trouve à l'autre côte du lac de Razzaza. En 1909, l'Anglaise Gertrude Bell a estimé à 170 000 le nombre de ses palmiers. Il est connu pour son climat agréable, ses eaux minérales et ses dattes; mais il est surtout connu dans le monde musulman pour avoir donné naissance à Moussa Ibn Noussair qui conquit l'Espagne.

 

      L'ancien bourlingueur marocain Ibn Batuta a visitée en 1307 la ville de Karbala et parlé dans son journal de voyage de ses belles palmeraies et de ses mosquées, notamment de celles du sanctuaire de l'imam Hussein (as)et de son frère Abbas(as). Egalement, l'orientaliste français Jaques Berque en a-t- il parlé dans son ouvrage intitulé (De l'Eupharate à l'Atlantique), publié en 1978, )  à Paris.

 ( Iman Fadhel, Bagdad magazine ,N.357 , 2010 , p. 8)

 

 

pièces jointes