L'AUBERGE D'AL-SHILAN DANS LA VILLE SAINTE DE NAJAF… HISTOIRE ET IMPACTS

 

L'Auberge d'Al-Shilan est l'un des plus importants sites archéologiques et patrimoniaux dans la ville sainte de Najaf. Elle renferme un trésor de civilisations ,à savoir le musée qui recèle autant des collections du patrimoine et de l'histoire de l'Irak et de la ville de Najaf, de même que les témoignages des évènements importants qui sont passés dans ce site, ainsi que les pièces d'art, de style architectural et de construction exceptionnelle qui marquent le lieu.

L'auberge d'Al-Shilan se situe au milieu de l'ancienne ville de Najaf depuis presque deux cent années. Elle est construite sur un terrain de 1500 m2 et se compose d'un sous-sol et de deux étages en hauteur avec de nombreuses pièces interconnectées devant lesquelles il y a de grandes salles courbées qui ont été bâties avec un magnifique style architectural.  Sur les murs, il y a des gravures et des ornements islamiques. Quant aux toits, ils ont été construits de briques d'argile sous la forme d'une arche.

L'AUBERGE, UN BUT CONTRARIÉ

Le responsable du musée du patrimoine de Najaf dans l'Auberge d' Al-Shilan, le Dr. Hamzah Al-Khalidi a dit : «L'Auberge a été construite dans les années 1890-1895 par le maçon qui s'appelle Mo'in dans le but d'abriter les visiteurs de la ville sainte de Najaf, mais cet objectif a été contrarié parce que l'État Ottoman de l'époque, pendant son règne en Irak, le contrôlait et, par conséquent, ne l'a pas laissé libre dans ses plans et a même fait du lieu un siège de l'administration ottomane pour gouverner la ville de Najaf .

L'adoption de l'auberge comme un siège de l'État ottoman a conduit les gens et les clans à se révolter contre les Ottomans en 1915. Cet incident est rarement indiqué dans les sources historiques malgré qu'il a changé la situation politique, économique et sociale. En effet, les révolutionnaires ont expulsé les Ottomans de cette place connue sous le nom "Al-Quishla" (chez les Ottomans) considérée par eux comme un symbole politique et gouvernemental de l'occupation. L'auberge est alors devenue, après cette libération, le siège du gouvernement local de la ville de Najaf qui est devenue, elle, autonome pendant deux ans, de 1915 à 1917, et a été alors dirigée par les quatre leaders des quartiers Al-michrak, Al-imarah, Al-Huwaych et Al-barak. Et, à l’époque, le conseil du symposium a été formé.

 

UN SYMBOLE DE LA RÉSISTANCE À L'OCCUPATION BRITANNIQUE

Avec l'occupation britannique de la majorité des provinces irakiennes, les Anglais avaient d'abord évité la ville de Najaf eu égard à son statut religieux. Mais les Britanniques sont tout de même entrés dans la place de l'Auberge d'Al-Shilan et ils s'en sont emparés pour l'ériger comme un centre de leur gouvernance. C'est ainsi qu'une révolutions s'est éclatée en l'an 1918, mais elle a échoué, avec la fâcheuse conséquence que onze leaders de la révolutions et le gouvernement de Najaf ont souffert de l'anarchie et de la faiblesse ainsi que de la dureté de la domination britannique contre le peuple.

L'auberge fut même utilisée comme prison pour quiconque ose se dresser contre les Britanniques. Parmi ceux qui y ont été  emprisonnés figure le poète Ibrahim Abu Shaba, auteur de la chanson bien connue "Celui qui n'a pas déjà visité Al-shilan a perdu sa vie" parce que l'Auberge d'Al-Shilan, comme nous l’avons mentionné, est non seulement devenue un symbole de résistance à l’occupation, mais aussi un lieu où les révolutionnaires se réunissaient pour préparer et engager les attaques contre l'occupation. Et c'est justement de cette place que le premier coup de la révolution d'Al-Eshryn (1920) a été lancé dans la ville de Najaf, coup auquel tous les clans irakiens ont participé en prenant l'Auberge comme un le lieu pour se regrouper . Dans le premier combat dont le nom est "Al-Rarinjiya", 167 soldats britanniques, dont deux officiers, ont été capturés et  emprisonnés dans l'Auberge, là même que les Britanniques avaient pris comme une geôle pour emprisonner les révolutionnaires.

Les capturés britanniques ont passé presque quatre mois dans ce lieu devenu une référence de l'humanisme irakien. Une association fut en effet fondée sous l'égide de Cheikh Al-Chari'a Al-Asfahani avec un groupes de jeunes hommes de Najaf pour parrainer les capturés et c'est durant cette période que l'Auberge est devenue à la fois un symbole de l'humanité et de la résistance et aussi un siège pour créer les associations irakiennes importantes.  Des restes y ont été trouvés comme des documents, des noms et des peintures sur les murs  indiquant la présence antérieure des emprisonnés.

À la fin de ces événements et  plusieurs années après, l’endroit a fait l'objet de négligence, notamment à l’époque du l'ancien régime jusqu’en 2010 où l’Autorité des antiquités et un groupe de philanthropes irakiens ont pris des mesures pour reconstruire complètement après  restauration et  reconstruction des pièces détruites. Désormais reconnue d'utilité publique représentant un miroir de la civilisation irakienne, un grand nombre de visiteurs étrangers, arabes et irakiens, y viennent chaque année.

L'AUBERGE D'AL-SHILAN, UN MUSÉE DU PATRIMOINE.

Le responsable du musée de l'Auberge, M. Ala'a Al-Rafiey, déclare :  " Les collections et les restes dans le musée ont été recueillis de plusieurs endroits. Certains d'eux proviennent du musée irakien d'où ils ont été transférés du département du patrimoine. D'autres ont été obtenus grâce aux dons et legs des gens, mais aussi des pièces archéologiques.

La révolution de 1920 y est incarnée par un panorama peint sur le mur de la salle du musée après sa restauration dans le même style. Ce panorama comprend le début de la révolution depuis 1918, les événements du meurtre du directeur du centre et la sortie de Sha'lan Abu al-Jun de la prison ainsi que la saisie du train chargé d'armes et de matériels.

L'Auberge a été restaurée tout en préservant les caractéristiques de ses parties non détruites. Elle est construite dans des formes symétriques de sorte que la partie Nord est construite dans le même style que la partie Sud et que la partie Est est construite dans le même style que la partie Ouest grâce au recours aux experts d'archéologie et l'utilisation des simples matériels dans la construction de cette auberge.

 Dans l'Auberge, il y a plusieurs salles qui  sont utilisées actuellement pour l'exposition du musée de la révolution d'Al Eshryn alors que d'autres salles servent à exposer les tissus qui sont fabriqués dans la ville de Najaf et dans les zones du moyen Euphrate. Il s'y trouve encore une autre salle contenant des armes remontant à la révolution d'Al-Eshryn et qui sont présentées par certains chefs de clan en tant que des cadeaux au musée de l'Auberge. D'autres salles sont, elles, allouées aux objets faits en cuivre, les appareils ménagers, les joailleries des femmes et des vêtements.

Au début de la création du musée, le gouvernement y a joué un rôle considérable, et nous espérons que les autorités compétentes continueront  d'accorder une attention constante à l’histoire et au patrimoine de l’Iraq, qui racontent l’histoire et la civilisation du peuple.

Pour sa part, a déclaré l’universitaire et ancien membre de la Direction du patrimoine de Najaf, "L'Auberge d'Al-Shilan est l’une des institutions affiliées au Département des antiquités de Najaf, qui est une institution importante non seulement à Najaf, mais aussi en Irak et dans le monde arabe et islamique en raison des événements qu'il les a connus, notamment la révolution d'Al-Eshryne qui a libéré l'Irak de l'occupation britannique.

 Une attention particulière a été accordée à ce monument historique et culturel et à sa restauration après avoir été négligé et abandonné de 1930 à 2010, ce qui a entraîné la chute de certaines de ses parties.

Les documents et les photographies des événements liés à l'Auberge d'Al-Shilan ont également été recueillis par envois de délégations en Turquie afin de les ramener de la Bibliothèque des manuscrits de Sulaymaniyah et de la Maison des archives ottomanes. Ces documents ont été rassemblés lors de la première guerre mondiale, période durant laquelle les Turcs ont recueilli ces pièces de patrimoine et les ont transférées à Istanbul pour les classifier.

  Il est à noter que  Les archives ottomanes contiennent près de 150 millions de documents dont plus de 150.000 documents parlent sur l'Irak . En plus de ces manuscrits, d’autres documents ont été recueillis auprès des Irakiens  qui les détenaient depuis des années.

Traduction en français par Hussein Essam.

Révision linguistique : le journaliste Amadou Diallo-république du Mali

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