EPITRE SUR LES DROITS EN ISLAM Imâm Ali ibn al Hussein

Au Nom de Allah Clément et Miséricordieux

 

Il n’y a pas eu dans l’histoire de l’humanité une époque où les droits de l’homme ont été débattus, prônés, et remis en cause avec autant d’insistance, de passion et de violence même, que la nôtre.

Peu cependant a été fait pour la concrétisation universelle et dans la vie quotidienne de ces droits qui restent d’ailleurs mal définis, en raison des différentes évaluations de l’homme résultant elles-mêmes des différences et des oppositions idéologiques qui sous-tendent les régimes et les puissances contemporaines.

 

L’opuscule que nous présentons ici est une partie de l\'épître de l’Imâm Ali ibn Al Hussein, le seul survivant mâle de la tragédie de Karbala et petit-fils de l’Imam Ali (gendre du Prophète Mohammad (sas).

 

Cette épître intitulée « Epître des droits » (Rissalat-ul-huqoq), est adressée à un compagnon de l’Imam qui l’a d’ailleurs rédigée à sa demande.

Elle n’a pas le caractère abstrait et impersonnel des écrits juridiques. Elle répond à des questions concrètes qu’un musulman se pose ou peut se poser tous les jours, à tous les niveaux des rapports qu’engendre son existence, en tant qu’individu ou en tant que membre de la société et de la communauté musulmane.

L’Imam Ali  ibn el Hussein, surnomme Zayn Al Abidine, ou « Parure des pieux » a mené une vie difficile sous le gouvernement despotique des Omeyyades.

Outre les traditions qu’il a rapportées du Prophète (sas), il nous est parvenu de lui, cette épître, ainsi qu’un recueil édifiant de prières, intitulé « Sahifa Sajjadiya».

 

 

A. Le droit de Allah 

 

Le droit le plus important de Allah

 

 

Le droit le plus important de Allah, c’est que tu L’adores, que tu n’associes rien à Lui. Si tu fais cela avec sincérité, Allah s’est promis de te suffire dans ce monde et dans l’autre, et de te garder ce qui te plait de ce monde et de l’autre.  

Le droit de ta personne sur toi-même 

Le droit de ta personne sur toi-même, c’est que tu te charges d’obéir totalement à Allah et que tu respectes le droit de ta langue, le droit de tes oreilles, le droit de tes yeux, le droit de tes mains, le droit de tes pieds, le droit de ton ventre, le droit de ton sexe, et demande à Allah qu’Il t’aide pour cela.

 

 Le droit de ta langue 

Le droit de ta langue, c’est que tu évites les grossièretés par respect pour elle, que tu l’habitues aux bonnes paroles, que tu la rendes cultivée, que tu la laisses en repos sauf en cas de nécessité et d’utilité pour la religion ou pour ce bas monde, que tu  l’exemptes de toute parole inutile et de tout radotage, dont on n’est pas à l’abri du mal qu’il pourrait apporter, et qui a peu de bénéfice. La langue dévoile le degré de raison et elle en est la preuve, et la valeur du sage est par sa raison et ses bonnes paroles. Il n’y a de puissance qu’en Allah, le Très-haut, le Très-Grand.  

Le droit de tes oreilles 

 

Le droit de tes oreilles, c’est que tu les préserves d’ouvrir un chemin à ton cœur, sauf pour des choses justes et bonnes qui te font du bien au cœur, qui enrichissent ton caractère par la morale, car les oreilles sont les portes du cœur, elles transmettent toutes sortes de pensées autant bonnes que mauvaises. Il n’y a de puissance qu’en Allah.  

Le droit de tes yeux 

 

Le droit de tes yeux, c’est que tu les baisses devant ce qui t’est interdit, et que tu ne laisses pas traîner ton regard sauf pour prendre une leçon que ce soit en voyant ou en apprenant quelque chose, car la vue est la porte de la réflexion et du savoir.  

Le droit de tes pieds 

Le droit de tes pieds c’est que tu ne marches pas vers ce qui t’est interdit, et que tu ne les entraînes pas vers une voie qui te conduirait à la bassesse, car les pieds doivent te porter et t’entraîner vers la religion et te faire avancer. Il n’y a de puissance qu’en Allah

Le droit de tes mains 

 

Le droit de tes mains, c’est que tu ne les tendes pas vers ce qui t’est interdit (car tu ne pourrais obtenir par cela que le châtiment dans l’autre monde et les reproches des gens dans ce monde), et que tu ne les fermes pas lorsque Allah t’ordonne de les ouvrir, et que tu les respectes en les fermant absolument devant ce qui t’est interdit et en les ouvrant même pour les choses qui ne sont pas obligatoires. Si elles ont été utilisées avec raison et respect en ce monde, elles seront obligatoirement récompensées dans l’autre.  

Le droit de la prière 

 

Le droit de la prière, c’est de savoir qu’elle te fait entrer en présence de Allah, et que tu l’accomplis entre les mains de Allah. Si tu crois en cela, tu seras de nature à te voir soumis, désireux, craintif, peureux, invoquant, indigent, suppliant, voyant avec grandeur Celui dont tu es entre les mains. Cela, reposé, la tête baissée, dans une attitude calme, en le suppliant du fond du cœur, en désirant que Allah te sauve de ce à quoi t’ont entraîné tes fautes et qui t’a conduit à la perdition. Il n’y a de puissance qu’en Allah

Le droit du jeûne

 

Le droit du jeûne, c’est que tu saches que c’est un voile que Allah a baissé sur ta langue, tes oreilles, tes yeux, ton sexe et ton ventre, afin que le jeûne te couvre du feu de l’Enfer

 

Il est rapporté dans le Hadith : « Le jeûne est un rempart contre le feu de l’Enfer. » Si tes membres se reposent sous ce voile, tu peux espérer être couvert et protégé, mais si tu les laisses s’agiter sous le voile et relever les bouts du voile, et ainsi voir ce qu’il ne faut pas voir de façon charnelle, tu  n’es pas sûr de ne pas déchirer le voile et d’en sortir. Il n’y a de puissance qu’en Allah.

 

. (Le droit du Pèlerinage (Hajj 

 

Le droit du Pèlerinage est que tu saches qu\'il s\'agit d\'une arrivée au seuil de ton Seigneur et une fuite vers Lui de tes péchés ; et à travers lui ton repentir est accepté et tu accomplis une obligation qui t’incombe par Dieu

Le droit de l’aumône 

 

 

Le droit de l’aumône, c’est que tu saches que c’est ton épargne auprès de Allah et un dépôt qui n’a pas besoin de témoin. Si tu crois en cela, tu dois avoir plus confiance en ce que tu déposes en secret qu’en ce que tu déposes ouvertement et tu dois être apte à faire en secret ce que tu veux faire ouvertement. Et que cela reste entre toi et Allah un secret absolu. Ne te montre pas, lorsque tu offres une aumône à Allah, à des témoins oculaires ou comme si tu n’avais pas confiance au dépôt confié à Allah. De plus, n’oblige personne par l’aumône que tu donnes (en lui reprochant cette faveur que tu lui as faite) car cette aumône est pour toi, et si tu fais cela, tu n’es pas assuré du fait que tu l’humilies toi-même en l’obligeant car cela prouve que tu ne la voulais pas pour toi, et que si tu la voulais pour toi, tu n’aurais fait de reproche à personne. Il n’y a de puissance qu’en Allah.  

Le droit du sacrifice 

 

Le droit du sacrifice (d’une bête), c’est que tu purifies ton intention, uniquement pour ton Seigneur, en ne désirant que Sa grâce et son agrément et que tu ne cherches pas les yeux de ceux qui te voient, au dépens de Allah. Si tu es ainsi, tu n’es donc ni vendu, ni simulateur, mais tu agis pour Allah. Et sache que l’on arrive à Allah par ce qui est facile (possible), non par ce qui est difficile (impossible), de même que Allah a voulu de ses créatures ce qui est facile et non ce qui est difficile, de même l’humilité t’est plus nécessaire que l’orgueil car ce sont les riches orgueilleux qui ont des charges et des dépenses, mais l’humilité et la retenue n’entraînent ni charge ni dépense car elles sont naturelles et existent dans la nature. Il n’y a de puissance qu’en Allah